Journal de Juillet 1891

TITRE DE L'ARTICLE
LE LIEUTENANT QUIQUEREZ

Il y a un mois environ, dans la nef de l'Eglise Cathédrale, les officiers de notre garnison se pressaient autour du catafalque dressé à la mémoire des soldats morts pour la France.
Et, du haut de la chaire, un voix éloquente célébrait " ceux qui étaient morts avec vaillance pour la patrie et qui n'avaient laissé aucune tâche à leur gloire."
C'est pour l'un de ces vaillants qu'hier, dans la même nef, autour du même catafalque étaient venu se ranger tout le corps d 'officiers du 17e dragons et du 15e de ligne.
Né le 15 octobre 1863, à Paris, Quiquerez (claire, Edouard, Paul, Arnold )s'engagea, âgé à peine de 17 ans, le 8 juin 1880, au 3e régiment de cuirassiers.
Après avoir pris part à la campagne de Tunisie du 16 Décembre 1882 au 30 Octobre 1884, le jeune sous-officier Quiquerez resta en Algérie du mois d'octobre 1884 au 29 Janvier 1885.
A cette date, il partit pour le Tonkin où, le 12 février 1886, après plusieurs citations à l'ordre du jour et, déjà décoré de l'ordre du Dragon de l'Annam et de la médaille commémorative du Tonkin, il obtenait les épaulettes de sous-lieutenant -- vaillamment conquises sur le champ de bataille.
Nommé au 6e cuirassiers, le sous-lieutenant Quiquerez rentra en France et, le 25 Septembre 1890, fut promu lieutenant et affecté au 17e régiment de dragons.
D'un caractère franc, jovial en même temps qu'énergique, le lieutenant Quiquerez tint aussitôt rang honorable au milieu de ces brillants officiers qui sont l'honneur de notre régiment de dragons.
Mais, depuis deux mois à peine au 17me Dragons, M.Quiquerez, apprenant qu'une mission se préparait à aller explorer le Congo, demanda à en faire partie.
Il obtint cette autorisation et partit, en effet, quelque temps après avec MM.Armand, fils d'un ancien ambassadeur, Belley de Tavernost, lieutenant au 6e cuirassier, de Segonzac et Arago, lieutenant de chasseurs.
On sait à la suite de quels évènements l'infortuné officier est mort, au moment où il se préparait à rentrer en France.
Il avait heureusement affronté les périls du champ de bataille, il avait entendu siffler à ses oreilles les balles meurtrières.
Mais, plus meurtrières encore que les balles, les fièvres de cette côte malsaine l'ont couché dans la tombe.
Et c'est sur le champ d'honneur de la science que ce vaillant soldat est glorieusement tombé !
Une plume plus autorisée que la notre a donné son véritable caractère à la triste cérémonie à laquelle nous venons d'assister.
Il ne nous reste donc plus qu'à nous occuper des détails.
Le catafalque, qui se dressait au milieu de la nef, était d'un caractère grandiose et sévère.
Le service funèbre a été célébré par M.l'abbé Taihlan, vicaire de la cathédrale, M. l'archiprêtre Larroque y assistait dans la salle.
MM. le Colonel de Benoist, commandant de la 16e brigade de cavalerie,
Le Colonel Marguier d'Aubonne et le corps d'officier du 17e dragon;
Le lieutenant-colonel et les officier du 15e de ligne;
Une délégation du 13e chasseur, en garnison à béziers, composé d'un capitaine, de deux lieutenants et deux sous-lieutenants.
Les officiers de gendarmerie,d'administration et du recrutement.
Les sous-officiers et 200 cavaliers environ du 17e dragons témoignaient, par leur présence, quels profonds regrets M.Quiquerez avait laissé au régiment.
Remarqué également dans l'assistance MM. le général de la Soujeole, Romet, secrétaire général de la Préfecture de l'Aude, représentant M. le Préfet; Traves, conseiller de Préfecture; colonel Grillières; Ch. de Rolland du Roquan; Dat de Saint-Foulc; baron de Fournas; De Martrin; Comte de Pennautier, Don de Cépian; Larrousse, directeur du Crédit Foncier; toute la rédaction du Courrier de l'Aude etc...
Madame la baronne de Benoist, Mesdames Ancenay, Hébert, Valicon,Hubault, de Balthazar de Gachéo, Barou, Hugel, Dunoyer, Humbert, Rampont, de Valady, de Lavignère, Roy, de Rolland du Roquan, Bertrand etc...
M. Justin Boyer, qui tenait le grand orgue, a joué la la marche funèbre de Lefébure.
L'absoute a été donnée par le célébrant.
A la fin de la cérémonie, M. le colonel de Benoist qui, dés son arrivée a Carcassonne, s'est révélé comme l'un des chefs les plus éminents de notre armée, et joint à une rigoureuse observation , de la discipline le juste sentiment des besoins de ceux dont il a le commandement, M. le colonel de Benoist, disons-nous, à qui revient l'initiative de cette pieuse et touchante démonstration, a remercié tout ceux qui, par leur présence, étaient venus témoigner de leur sympathie à la famille militaire du défunt.

L.D
P.S. Où étaient donc les représentants de la municipalité Carcassonnaise ?
On peut-être libre-penseur et courtois cependant.
A-t-on craint d'être éclipsé par la préfecture ?

L'article ci-dessus contient énormément d'anomalies, des fautes de dates et de noms: Quiquerez ne sait pas engagé au 3ème cuirassier, mais c'est engagé dans la Marine Nationale ( voir le titre "Etat des services" )